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Mystère élucidé

Le Balbuzard pêcheur Arthur F12 à Hagneck, Lac de Bienne

La deuxième Matinée Balbuzard de cette année a de nouveau été un grand succès. Le 29 juin, grâce à 41 observateurs postés principalement dans la région des Trois-Lacs, avec quelques-uns aussi dans les bassins de l’Aar et Doubs, nous avons découvert qu’au moins cinq Balbuzards passent cet été dans la région des Trois-Lacs. Cela montre une fois encore à quel point une observation simultanée couvrant autant de lieux que possible (26 au total) aide à mieux comprendre la situation, particulièrement dans une période de l’année où de nombreux ornithologues sont absents en vacances ou à la montagne.

Le premier Balbuzard a été entendu à 05:09 à Hagneck, au lac de Bienne, où un a été vu plus tard à 06:58 (et identifié comme étant Arthur F12). Autour du Fanel, au nord-est du lac de Neuchâtel, divers participants étaient répartis entre la jetée de la Thielle, les tours d’observation ALA et Nos Oiseaux, et le môle du Chablais du Cudrefin. Ils ont vu leur premier Balbuzard à 05:24 (mangeant un poisson), puis l’ont perdu de vue à 05:44. Entre 06:20 et 07:36, soit le même individu soit un autre a été observé, à nouveau en train de manger un poisson, alors qu’un second était repéré entre 07:25 et 07:40. Comme Arthur se trouvait alors à Hagneck, le nombre total à ce stade était de trois. À 07:57, un mâle à bague bleue (très probablement Racine F29) a été vu posé, et de 08:38 à 08:44, il a fait – sans grande conviction – 8 tentatives de pêche, puis a été harcelé par une Sterne pierregarin et par une Corneille noire, avant d’être perdu de vue à 08:55, volant en direction du Landeron.

Revenant au site de Hagneck, une grande surprise a été d‘y voir soudain deux Balbuzards ensemble : Arthur défendant son territoire contre un intrus arrivé à 09:17, et qui s’est avéré être Racine. Compte tenu du timing, cela signifie que l’oiseau observé volant du Fanel vers le Landeron à 08:55 était presque certainement Racine. Quant à l’autre vu plus tôt et en même temps que lui au Fanel, nous pensons qu’il s’agissait d’une femelle immature non baguée, déjà remarquée plusieurs fois en compagnie de Racine depuis le 4 juin.

Entretemps, plus au sud-ouest à la Grande Cariçaie, cinq autres équipes ont observé deux Balbuzards différents: Olympe (F28) et une femelle immature non baguée. Olympe a d’abord été vu à 05h38, paradant au vol avec un poisson dans les serres. Un comportement similaire a été revu à 08h28, lorsqu’il a apporté le poisson qu’il transportait vers un de ses nids, près duquel une femelle non baguée a été vue en train de le manger à 08h42. Deux Balbuzards se trouvaient donc avec certitude sur ce territoire, comme lors de la dernière Matinée Balbuzard du 15 juin. Mais la grande question restait de savoir si cette femelle était la même que celle vue au Fanel – en même temps que Racine – jusque vers 07h40, et si elle aurait pu se déplacer vers le sud-ouest pour rejoindre Olympe une heure plus tard. A moins qu’il y ait en réalité deux femelles non baguées différentes, comme nous le soupçonnons depuis un certain temps déjà?

Heureusement, trois autres équipes étaient réparties autour du lac de Morat, et l’une d’elles a vu un Balbuzard (poursuivi par un Goéland leucophée) au-dessus de Salavaux à 08h42. Avec certitude, ce n’était ni Olympe ni « sa » femelle immature non baguée, ni non plus Arthur ou Racine. La possibilité existe qu’il s’agissait de la femelle non baguée qui avait quitté le Fanel entretemps, ou peut-être même, quoi que moins vraisemblable, d’un autre individu. Les résultats de cette Matinée Balbuzard soutient donc notre soupçon qu’au moins deux femelles non baguées séjournent discrètement dans la région des Trois-Lacs cet été. Une impression encore renforcée le 30 juin, quand Racine a été vu perché à côté d’une femelle non baguée, dans un site où une équipe avait pourtant passé la matinée du 29 sans y voir un seul Balbuzard!

Un grand merci à toute l’équipe, y compris bien sûr aux participant(e)s qui n’ont pas eu la chance d’être postés en des lieux où l’espèce s’est montrée. Comme nous ne pouvons pas prédire où un Balbuzard (voire deux) pourrait apparaître, et vu que l’espèce semble ne jamais faire la même chose au même endroit d’un jour à l’autre, il est crucial de pouvoir occuper simultanément autant de points d’observation que possible. Il est aussi fondamental de commencer à l’aube, augmentant ainsi les probabilités de voir un oiseau pêcher ou manger son premier poisson de la journée – avec l’avantage supplémentaire d’échapper à une vague de chaleur (qui était intense le 29 juin), et les chances d’observer une multitude d’autres espèces intéressantes.

Mystère d’une femelle non baguée

Lever du soleil sur Fanel, Suisse, par Luc Villarejo

La première Matinée Balbuzard de cette année a eu lieu le dimanche 15 juin, commençant avec une petite panique, lorsque deux participants se sont retrouvés coincés dans le camping de Cudrefin, qui leur avait indiqué un code erroné pour le portail de sortie. Heureusement qu’ils ont réussi à s’en extraire par une sortie « non conventionnelle », ce leur a quand-même permis rejoindre à temps leur poste d’observation. Une illustration parmi tant d’autres de la motivation des 44 bénévoles levés bien avant l’aube pour rechercher des Balbuzards depuis 23 points d’observation différents. Cette fois au moins, tout le monde a profité d’un magnifique lever de soleil, quel contraste avec notre première Matinée Balbuzard de l’année dernière !

La journée a d’ailleurs commencé sur les chapeaux de roue, avec nos trois mâles connus de la région des Trois-Lacs, ainsi qu’une femelle non baguée aperçue sporadiquement dans la région depuis mi-mai, repérés avant 6h du matin. Arthur (F12) a été vu volant de l’Aar vers Hagneck à 05h40, où il a chassé un couple d’Ouettes d’Egypte avant d’entreprendre une sortie de pêche, réapparaissant avec son petit déjeuner à 06h13. Il s’est montré particulièrement actif de 08h16 jusqu’à après 10h, amenant de nombreuses branches vers un nouveau nid en construction. Espérons qu’une violente tempête qui a frappé la région dans l’après-midi avec des vents atteignant 142 km/h (cause de nombreuses branches cassées, d’arbres déracinés, et même de l’annulation d’une soirée de festival de musique) n’aura pas endommagé ce nid (non visible, car masqué derrière un petit bois).

Au lac de Neuchâtel, un autre Balbuzard – presque certainement Racine (F29) dont la bague a été lue plus tard – semblait parfaitement synchronisé avec Arthur, étant vu pour la première fois entre le Fanel et la jetée de la Thielle à 05h40, avant de prendre son petit déjeuner à 06h22. Cependant, la médaille des « lève-tôt » revient à deux autres Balbuzards – Olympe (F28) et une femelle non baguée – aperçus ensemble à la Grande Cariçaie entre 05h25 et 05h30, l’un d’eux pêchant ensuite un poisson à 05h46, et Olympe en attrapant un autre à 09:40. Par contre, étonnamment, aucun n’a été vu ailleurs, ni dans les vallées de l’Aar et du Doubs, ni au lac de Morat. Mais on sait trop bien à quel point l’espèce peut être discrète à cette période de l’année!

Alors que Racine semble avoir passé l’essentiel de la Matinée Balbuzard tout seul au Fanel, le jour suivant a été son tour d’être vu en compagnie d’une femelle non baguée. Etait-ce la même qui avait rendu visite à Olympe la veille, ou y aurait-il éventuellement deux femelles différentes dans les parages ? Un objectif clé pour notre prochaine Matinée Balbuzard sera de tenter d’élucider ce mystère. D’ici là, un grand merci à toutes celles et ceux qui ont participé le 15 juin (gardant à l’esprit que ne pas avoir eu la chance de voir un Balbuzard durant cette matinée est tout aussi précieux pour nous que d’en avoir vu un). Nous recherchons toujours des volontaires pour surveiller des bons sites de pêche lors de la prochaine Matinée Balbuzard le dimanche 29 juin. Alors si vous êtes prêt à vous lever très tôt le matin (profitant de la journée avant qu’il fasse trop chaud), n’hésitez pas à vous inscrire ici !

Coup de projecteur sur les femelles

Balbuzard Pistache F11 au nid dans le Marne par Alain Balthazard

Après Plume (F02) dans le nord-est de la Bavière (Allemagne) en 2021, Mouche (PS4) en Moselle (France) depuis 2021, et Chronos (ex-PS9) dans le Bade-Wurtemberg (Allemagne) depuis 2024, nous avons reçu la grande nouvelle qu’une autre de nos femelles, Pistache (F11), a récemment été découverte se reproduisant dans le département français de la Marne (photo ci-dessus par Alain Balthazard). Vue pour la première fois en presque sept ans le 11 mars dans le département de la Meuse, elle s’est appariée avec un mâle non bagué et niche sur un pylône électrique, à environ 270km du site de lâcher de Bellechasse. Le nid est à environ 6km du seul autre couple connu dans le département, et des observateurs de la LPO ainsi que d’autres les surveillent attentivement.

Pendant ce temps en Suisse, un de nos mâles territoriaux s’est apparié le mois dernier avec une femelle non baguée. Tout semblait aller au mieux, le mâle apportant régulièrement des offrandes de poisson et améliorant le nid choisi par la femelle, avec aussi de nombreux accouplements. Jusqu’à ce que subitement, une semaine plus tard, la femelle disparaisse. Une autre femelle non baguée l’a cependant rejoint ensuite vers mi-mai. Alors qu’il est maintenant un peu tard pour espérer une nidification cette année, nous gardons toujours un œil attentif sur le secteur.

Les deux Matinées Balbuzard prévues les dimanches 15 juin et 29 juin révéleront peut-être de nouveaux éléments, voire permettront même de repérer des oiseaux non encore trouvés à ce jour. Divers points d’observation se répartiront dans la région des Trois Lacs, mais nous tenterons aussi de focaliser plus cette année sur des sites favorables des bassins du Drugeon, du Doubs et de l’Aar. Si vous ne vous êtes pas encore inscrit et si vous êtes intéressé(e) et disponible pour participer à l’une (ou aux deux) de ces dates, veuillez svp nous contacter ici.

Rapport sur la saison 2024

Arthur F12, balbuzard mâle dans toute sa splendeur, par Thomas Bachofner

Le rapport du Projet Balbuzard 2024 a été publié dans le fascicule de mars 2025 de la revue Nos Oiseaux. Au moins trois mâles réintroduits en Suisse (Arthur – photo ci-dessus par Thomas Bachofner, Olympe et Racine) ont été confirmés de retour dans la région des Trois Lacs en 2024, avec un possible quatrième (Flamme ?) dans le département français du Doubs. Mouche a eu deux jeunes en France (Moselle), alors que Chronos a produit trois jeunes à l’envol en Allemagne (Bade-Wurtemberg), le long du Rhin.

Une femelle non baguée a passé une grande partie de l’été dans la région des Trois Lacs, où chacun de nos trois mâles territoriaux lui a rendu visite. Cependant d’après l’aspect de son plumage, il semble qu’elle n’était âgée que de deux ans, donc encore trop jeune pour s’intéresser aux mâles.

Deux « Matinées Balbuzard » ont été organisées en juin 2024, ainsi que – pour la première fois – une “mini matinée Balbuzard” plus ciblée en juillet. Par ailleurs, deux nouvelles plateformes de nidification ont été installées dans le Haut-Doubs, en France voisine.

Les deux prochaines matinées Balbuzard auront lieu cette année les dimanches 15 et le 29 juin. Les points d’observation se trouveront, comme en 2024, dans la région des Trois Lacs, ainsi que dans les bassins du Drugeon, du Doubs et de l’Aar. Toute personne intéressée à participer à l’une (ou aux deux) de ces matinées peut s’inscrire ici.

Le rapport 2024 peut être téléchargé ici.

 

Un grand jour

Balbuzard Arthur F12 le jour qu'il est arrivé à Hagneck par Stéphane Aubrey

La saison Balbuzard semble commencer chaque année plus tôt. Après l’observation surprise de Pistache F11 en France le 11 mars, nous avons reçu une première bonne nouvelle de Suisse le 22 mars quand Martin Zimmerli a repéré Olympe F28 de retour à la Grande Cariçaie, au bord du lac de Neuchâtel. Ensuite le 24 mars, Fabian et David Grossenbacher ont observé un autre oiseau, sans doute Arthur F12, de retour à Hagneck. Ce qui n’a pas tardé à être confirmé par Stéphane Aubry, lorsqu’il a photographié non seulement Arthur (ci-dessus), mais également Racine F29. Le même jour, Martin Zimmerli a vu un Balbuzard au Fanel, vraisemblablement Racine même si ses bagues n’étaient pas visibles. Racine a toujours été très mobile, mais ce que nous aimerions vraiment c’est qu’il rencontre une femelle, pas juste un autre mâle!

Le 24 mars nous a aussi apporté des bonnes nouvelles d’Allemagne: Daniel Schmidt-Rothmund nous a annoncé que Chronos (ex-PS9) venait de revenir à son nid au Bade-Wurtemberg, 5 jours après le retour de son mâle (en 2024, elle était revenue 4 jours après lui). Son partenaire avait été baptisé « Kepler » l’année dernière, alors que le couple avait produit trois jeunes à l’envol. Espérons qu’ils aient une fois encore du succès cette année (voir ci-dessous une des premières images du couple prise cette année par piège photo).

Enfin Dominique Lorentz nous signale, depuis le département français de la Moselle, que Mouche PR4 et son mâle AM06 sont eux aussi bien revenus (le premier oiseau du couple a été vu le 17 mars, puis les deux ensemble le 19 mars). L’arbre mort sur lequel ils ont niché avec succès ces quatre dernières années étant tombé en janvier, ils sont en train de s’installer sur une plateforme construite « préventivement » pour eux il y a deux ans (alors qu’on pressentait que l’arbre ne résisterait pas longtemps). Même s’il est dommage que leur nid naturel ait disparu, le couple a tout de suite adopté cette plateforme pour y établir son nouveau nid, ce qui montre à quel point il est important de fournir des plateformes pour les Balbuzards.

Balbuzards Chronos (ex-PS9) et Kepler arrivent à leur nid en Bade-Wurtemberg
Balbuzards Chronos (ex-PS9) et Kepler arrivent à leur nid au Bade-Wurtemberg

Première surprise de l’année

Balbuzard Pistache F11 en migration en France

Un Balbuzard survolant la France avec une bague bleue à la patte droite, c’est ce que Stéphane Mikaelis a photographié le 11 mars 2025. L’oiseau volait en direction du nord (avec un bon repas dans les serres, voir photo ci-dessus), non loin du lac du Der dans le département français de la Meuse. Par chance sa bague de couleur était lisible: F11. Également connue sous le nom de Pistache, F11 est une femelle née en Norvège et transférée en Suisse le 5 juillet 2018. Après avoir été élevée dans les volières de Bellechasse puis relâchée le 14 août, elle était partie en migration le 8 septembre 2018. Presque sept ans se sont écoulés sans nouvelles d’elle, jusqu’à ce que nous recevions la superbe photo de  Stéphane. La découverte de Pistache porte le nombre  de nos oiseaux connus de retour en Europe à 12, ce qui correspond à un taux de 19,4%, très bon pour un projet de ce genre.

Il est bien connu que les mâles de Balbuzards sont très philopatriques, revenant presque toujours nicher dans la région de leur premier envol. Les femelles, par contre, vont d’habitude intégrer une autre population pour y trouver un partenaire. Pistache était-elle en route vers l’importante population de Balbuzards de l’Allemagne orientale, où une autre de nos femelle relâchée la même année, Plume (F02), avait déjà été observée se reproduisant?

En tout cas, 2018 avait été une année très spéciale, puisque c’était aussi celle de la réintroduction du mâle Arthur (F12), revenu en Suisse chaque année depuis 2020. Alors que les premiers Balbuzards de la saison ne devraient pas tarder à être vus en Suisse, on retient notre souffle pour qu’il revienne à nouveau ce printemps!

Balbuzard Pistache F11 poussin
Pistache F11 le jour où elle avait été collectée le 5 juillet 2018.

Hivernants en Afrique de l’Ouest

Où vont « nos » Balbuzards en hiver? Jusqu’à présent, au moins deux oiseaux relâchés en Suisse ont été observés en hivernage en Afrique de l’Ouest. John Wright avait d’abord photographié un mâle non identifié de 2016 dans le Parc National de la Langue de Barbarie, au Sénégal, en décembre 2016. Fusée (PR9), aussi de 2016 (le même oiseau?), avait ensuite été repéré environ 20 km plus loin dans la zone humide des Trois-Marigots par Jean-Marie Dupart en septembre et octobre 2018, et photographié au même endroit par Marc Steinmetz en février 2019. Ce fut ensuite au tour de Flamme (ex-KF6), de 2017, d’être photographié par Chris Wood et Joanna Dailey en Gambie, dans la zone humide de Gunjur Quarry, le 2 mars 2020.

En décembre 2024, nous (Denis Landenbergue et Wendy Strahm) avons passé trois semaines à prospecter le long des côtes de Mauritanie (avec Abou Gueye), du Sénégal (avec Jean-Marie Dupart) et de la Gambie (avec Fansu Bojang), dans l’espoir d’y trouver un de “nos” oiseaux. Sur un total de près de 400 Balbuzards recensés, nous avons pu lire les codes de 20 bagues de couleur au Sénégal et en Gambie, originaires d’Allemagne (8, avec bague noire à la patte gauche), d’Écosse (4, bague bleue à la patte gauche), de France (3, bague orange), d’Angleterre (3, bleue à la patte droite), du Pays de Galles (1, bleue à la patte droite) et de Norvège (1, noire à la patte droite).

Nous avons aussi vu 4 autres bagues de couleur sans pouvoir les lire en Mauritanie, 3 en Gambie et 6 au Sénégal. Plus de la moitié des oiseaux observés n’étaient pas bagués, et les autres étaient soit trop loin, soit leurs pattes n’étaient pas visibles. Ci-dessus, quelques photos de certains des oiseaux les plus coopératifs.

Nous attendons maintenant avec impatience la fin mars, quand les premiers Balbuzards commenceront à revenir. Comme d’habitude, afin de localiser les territoires d’estivants, nous organiserons deux “Matinées Balbuzard” cette année dans la région des Trois-Lacs et le bassin transfrontalier du Doubs, les dimanches 15 juin et 29 juin 2025. Plus de détails suivront, d’ici là merci de réserver déjà ces dates dans votre agenda!

Cap au Sud

Alors qu’il n’est jamais facile de savoir précisément quand « nos » Balbuzards partent vers le sud, grâce à plusieurs observateurs très enthousiastes nous sommes assez sûrs de quand ils ont commencé leur migration cette année. Arthur (F12) à son territoire habituel de Hagneck (photo ci-dessus) et Olympe (F28) à la Grande Cariçaie ont été vus pour la dernière fois le 6 septembre, alors que l’ultime observation de Racine (F29) date du 1er septembre. Vicky, la femelle immature qui a estivé dans la région des Trois-Lacs, où elle a été visitée par chacun de nos mâles au moins une fois, est partie plus tôt (comme les femelles tendent à le faire). Sa dernière observation date du 17 août.

Quant à nos deux femelles reproductrices connues hors de Suisse, Daniel Schmidt-Rothmund nous a signalé que la dernière image de Chronos (ex-PS9) par piège-photo a été prise le 13 août à son nid du Bade-Wurtemberg, et celle d’un de ses trois jeunes le lendemain 14. Une belle surprise a été de découvrir que l’un d’entre eux (identifié par le code de sa bague noire) a été vu le 24 août au delta de l’Ebre en Espagne, à plus de 1.100 km au sud-ouest de son lieu de naissance.

En Moselle, Dominique Lorentz nous a informé que Mouche (PR4) a été observée pour la dernière fois près de son nid le 30 août. Nous avons été enchantés d’apprendre que Patrick Roux l’avait ensuite photographiée le 6 septembre, en route vers le sud, dans le département français de Côte-d’Or (Bourgogne), à environ 240 km de distance de son territoire. Ses deux jeunes avaient été vus pour la dernière fois ensemble le 9 septembre près du nid, avant une ultime observation de l’un d’eux le 10. Avec la migration toujours en cours et la saison d’hivernage qui approche, nous espérons bien sûr avoir d’autres surprises ces prochains mois.

 

Un Balbuzard peut en cacher un autre

2 Balbuzards femelles Vicky et Cléo en Suisse 29 juillet 2024

Dans un secteur de la région des Trois-Lacs rarement visité par des observateurs, une femelle immature non baguée (baptisée Vicky) a été notée régulièrement à partir du 4 juillet (bien qu’elle ait vraisemblablement été là plus tôt) et vue pour la dernière fois le 17 août. Il semble qu’elle soit partie en migration vers le milieu du mois, mais sans qu’on sache exactement quand, étant donné sa discrétion.

Une belle surprise a été la visite, du 29 juillet au 2 août, d’une autre femelle non baguée (cette fois une adulte) dans le même secteur. Son plumage était bien distinct, avec un collier plus large et un marquage très différent sous les ailes (voir photo ci-dessus). Alors que nos trois mâles territoriaux ont été vus visitant le secteur fréquenté par ces femelles, aucun vol de parade ou autre comportement nuptial n’a été remarqué – peut-être du fait que Vicky était encore immature.

Sans pouvoir lire une bague de couleur, ou comparer le plumage de chaque oiseau à partir de photos, il est très difficile de distinguer un Balbuzard d’un autre. Le défi de reconnaître les oiseaux locaux devient d’autant plus grand quand la migration d’automne est en cours, avec des oiseaux venus d’ailleurs traversant la Suisse et faisant parfois escale quelques jours.

A ce jour nos trois mâles sont toujours dans les parages : Arthur F12 (dernière observation sûre en 2023 le 1er septembre, et peut-être même le 10), Olympe F28 (dernière observation en 2023  le 29 août), et Racine F29 (vu pour la dernière fois en 2023 le 5 septembre). Tous les trois se préparent maintenant à bientôt migrer!

Un bon mois côté femelles

Balbuzard femelle pas baguée Vicky sur l'Aare, Suisse le 7 juillet 2024

Alors que le mois dernier, les mâles ont fait la une de l’actualité lors des deux matinées Balbuzard des 2 juin et 23 juin, c’est au tour des femelles d’être sous le feu les projecteurs en juillet.

Mouche (PR4) en France, et Chronos (ex-PS9) en Allemagne, ont à nouveau réussi toutes les deux leur nidification.  De Moselle, Dominique Lorentz nous informe que Mouche et son partenaire AM06 ont mené 2 jeunes à l’envol peu avant le 8 juillet, vers le même moment et sur le même nid que l’an dernier. Du Bade-Wurtemberg, Daniel Schmidt-Rothmund nous signale que les 3 jeunes de Chronos et de son mâle (récemment baptisé Kepler) ont bien pris leur envol  avant le 17 juillet, vers les mêmes dates et sur la même plateforme que l’année dernière. Avec de nouveau 5 jeunes produits en 2024 par deux de nos femelles (en plus des 5 autres déjà envolés en 2023), nous  espérons quelques d’intéressants retours dans les années à venir !

Dans la région suisse des Trois-Lacs, une femelle non baguée (baptisée Vicky d’après son collier en forme de V qui la rend facile à reconnaître) a séjourné depuis le 4 juillet au moins, date à laquelle elle a été photographiée par Claudine Waespe et Urs Meier. Depuis lors elle a été régulièrement observée, et il se peut qu’elle ait même été là bien plus tôt, un habitant local fiable nous ayant signalé en mai déjà qu’il voyait souvent un Balbuzard dans ce secteur, voire parfois deux. Pour en savoir plus sur les habitudes de cette femelle, et essayer d’observer d’éventuelles interactions avec l’un ou l’autre de nos mâles, une « mini-matinée Balbuzard » a été organisée le 14 juillet, grâce à la participation de 19 observateurs – un nombre remarquable pour un mois durant lequel tant d’ornithologues ont tendance à s’absenter pour des vacances. Nous savons que Vicky a déjà rencontré Racine (F29) au moins une fois, et peut-être aussi Arthur (F12). Pour le moment elle paraît toutefois préférer la solitude. Elle est de toute évidence célibataire et vraisemblablement encore immature – le type de « profil » idéal qui pourrait  augmenter les chances qu’elle revienne dans la région et y cherche un partenaire l’année prochaine.

Il y a aussi eu cet été plus d’observations de Balbuzards « étrangers » que d’habitude, en particulier aux environs des Trois-Lacs, avec quelques-uns également aux alentours du Doubs. La présence de mâles réintroduits pourrait bien avoir une influence positive à cet égard, et de toute évidence plus nombreux sont les mâles territoriaux, plus grandes sont les chances qu’ils attirent l’attention de femelles non encore « fixées ».

Les premiers migrateurs commencent déjà à traverser la Suisse vers le sud, ce qui rend plus difficile de différencier des Balbuzards estivant dans la région et des oiseaux qui ne sont que de passage. La  période n’en reste pas moins favorable aux surprises, donc merci de continuer à partager ou à poster sur www.ornitho.ch toute observation de l’espèce, en  précisant l’heure de chacune d’elles, et autant que possible si l’oiseau est bagué ou pas. L’été est enfin arrivé!