Le 29 juin, grâce à 41 observateurs postés dans la région des Trois-Lacs, avec quelques-uns aussi dans les bassins de l’Aar et Doubs, nous avons pu établir avec certitude qu’au moins cinq Balbuzards passent cet été dans la région des Trois-Lacs. Cette deuxième Matinée Balbuzard de la saison a montré une fois de plus à quel point le suivi simultané de nombreux sites potentiels de pêche (26 au total) permet de mieux comprendre la situation, d’autant plus dans une période où de nombreux ornithologues sont absents en vacances ou à la montagne.
Le premier Balbuzard a été entendu à 05:09 à Hagneck, au lac de Bienne, où un a été vu ensuite (et identifié comme étant Arthur F12) à 06:58. Autour de la réserve naturelle du Fanel, au lac de Neuchâtel, plusieurs participants se sont répartis entre la jetée de la Thielle, les tours d’observation ALA et Nos Oiseaux, et le môle du Chablais du Cudrefin. Ils ont vu leur premier Balbuzard (mangeant un poisson) à 05:24, puis l’ont perdu de vue à 05:44. Entre 06:20 et 07:36, soit le même individu soit un autre a été observé (également en train de manger un poisson), alors qu’un second était repéré entre 07:25 et 07:40. À 07:57, un mâle à bague bleue (vraisemblablemant Racine F29) a été vu posé, avant de faire – sans grande conviction – huit tentatives de pêche entre 08:38 à 08:44, puis d’être harcelé par une Sterne pierregarin et par une Corneille noire. Il a finalement été perdu de vue à 08:55, volant en direction du Landeron.
A 09:17 à Hagneck, l’arrivée soudaine de Racine (qui rend volontiers visite aux deux autres mâles de la région) a aussitôt provoqué un comportement de défense territoriale par Arthur contre cet intrus. Concernant l’autre Balbuzard vu plus tôt en même temps que Racine au Fanel, le plus probable est qu’il s’agissait d’une femelle immature non baguée, remarquée déjà plusieurs fois en compagnie de Racine depuis le 4 juin.
Plus au sud-ouest à la Grande Cariçaie, d’autres participants répartis sur cinq sites ont noté quant à eux deux Balbuzards différents: Olympe (F28) et une femelle immature non baguée. Olympe a d’abord été vu paradant au vol avec un poisson dans les serres à 05h38. Un même comportement a été revu à 08h28, lorsqu’il a apporté le poisson qu’il transportait vers un de ses nids, près duquel une femelle non baguée a été observée en train de le manger à 08h42. Deux Balbuzards se trouvaient donc avec certitude sur ce territoire, tout comme lors de la dernière Matinée Balbuzard du 15 juin. A ce stade la grande question subsistait de savoir si cette femelle pouvait être la même que celle vue au Fanel en même temps que Racine jusque vers 07h40, et qui aurait venir rejoindre Olympe une heure plus tard. Ou s’il y avait en réalité deux femelles non baguées différentes, comme nous le soupçonnons depuis plusieurs semaines déjà…
De trois autres équipes réparties autour du lac de Morat, une a signalé un Balbuzard – poursuivi par un Goéland leucophée – survolant rapidement Salavaux à 08h42. Ce n’était ni Olympe ni « sa » femelle, ni non plus Arthur ni Racine. S’agissait alors de la femelle non baguée vue plusieurs fois depuis le 4 juin avec Racine, et qui avait quitté le Fanel vers 07h40? Les résultats de cette Matinée Balbuzard soutient en tout cas notre soupçon que deux femelles non baguées (au moins) passent discrètement cet été dans la région des Trois-Lacs. Une impression renforcée encore le 30 juin, quand Racine a été vu perché à côté de l’une d’elles, dans un site où une équipe avait passé toute la matinée du 29 sans y voir un seul Balbuzard!
Un grand merci à toute l’équipe, y compris bien sûr aux participant(e)s qui n’ont pas eu la chance d’être postés en des lieux où l’espèce s’est montrée. Comme nous ne pouvons pas prédire où un Balbuzard (voire deux) pourrait apparaître, et vu que l’espèce semble ne jamais faire la même chose au même endroit d’un jour à l’autre, il est crucial de pouvoir occuper simultanément autant de points d’observation que possible. Il est aussi fondamental de commencer à l’aube, augmentant ainsi les probabilités de voir un oiseau pêcher ou manger son premier poisson de la journée – avec l’avantage supplémentaire d’échapper à une vague de chaleur (qui était intense le 29 juin), et les chances d’observer une multitude d’autres espèces intéressantes.