Douze jeunes Balbuzards originaires d’Allemagne orientale et de Norvège méridionale sont maintenant confortablement installés en Suisse au site de réintroduction de Bellechasse (FR). Ils y resteront dans les grandes cages de lâcher spécialement construites pour eux jusqu’à ce qu’ils soient prêts à prendre leur premier envol. En attendant, ils sont en train de se familiariser avec leur nouveau foyer et leur nouvel environnement, tout en se nourrissant très bien – comme tout adolescent en pleine croissance.
Grand merci aux bagueurs Holger Gabriel et Mario Firla en Allemagne, et à Rune Aae du University College d’Østfold en Norvège, qui les ont collectés et qui en ont pris le plus grand soin. Pour cela, ils ont dû escalader toute une série de grands arbres ou de hauts pylônes, ce qu’ils ont fait avec une maestria et une efficacité remarquables. Merci également à Daniel Schmidt pour son précieux appui dans l’organisation de l’opération en Allemagne orientale. Il nous a aussi accompagné, avec un autre passionné du Balbuzard, Günther Röber, pour le long transport nocturne des oiseaux jusqu’en Suisse.
Une menace énorme pour tous les grands oiseaux, y compris les cigognes, les aigles, les buses, les Grands-Ducs et aussi les Balbuzards, est celle de leur électrocution accidentelle quand ils se perchent ou volent trop près de certains pylônes ou lignes électriques dangereux. Parfois les oiseaux n’ont même pas besoin de toucher deux fils avec leurs ailes; le simple fait d’en être trop proche peut en effet provoquer un arc électrique fatal. Nous avons ainsi eu la triste expérience de perdre un de nos jeunes oiseaux relâchés en 2015 à cause d’une électrocution accidentelle. Heureusement, la compagnie électrique « Groupe E » a vite accepté de modifier les lignes électriques dangereuses aux abords de notre site de réintroduction du Balbuzard en isolant les câbles problématiques. Elle est par ailleurs prête à mettre en œuvre un programme plus large visant à modifier ou isoler dans les années à venir d’autres pylônes et lignes électriques particulièrement dangereuses pour les oiseaux. Si le risque de collisions accidentelles avec des câbles reste difficile à totalement exclure, veiller à ce que les pylônes et lignes électriques mal conçus ne puissent plus électrocuter les grands oiseaux représente déjà un grand pas dans la bonne direction.
Nous n’aurions pas pu réaliser ce projet sans la quantité énorme de temps et d’énergie déployée par un nombre important de bénévoles. Nous avons organisé une petite cérémonie à l’Assemblée générale de Nos Oiseaux du 19 mars en de reconnaissance de chaque bénévole qui a passé deux semaines sur le terrain à prendre soin de nos oiseaux l’été dernier à Bellechasse. Ils ont tous reçu un certificat les remerciant pour leur engagement personnel, ainsi qu’un paquet de biscuits aux noisettes fort appréciés pour leur rappeler tous ceux dégustés pendant les heures mémorables passées au site du projet durant l’été 2015. Une fois de plus, nos plus vifs remerciements à tous ceux et celles qui ont ainsi contribué au projet. D’ailleurs il n’est pas trop tard pour s’inscrire comme bénévole pour deux semaines durant l’été de 2016, alors que toute personne intéressée n’hésite pas à prendre contact avec nous sur
Les Balbuzards ayant volontiers recours à une solution de facilité, ils préfèrent utiliser un nid pré-existant plutôt que de devoir en construire un eux-même à partir de zéro. C’est pourquoi la construction de plateformes de nidification (voir nos deux premiers construits en









Une nouvelle choquante nous est récemment parvenue d’Algérie à propos d’une de nos jeunes Balbuzards : PP5, surnommé « Tchernobyl » d’après une marque sur sa tête rappelant le symbole de la radioactivité. Ce mâle avait été tiré par un braconnier dans la région du Parc National de Djurdjura, à environ 100 km à l’est de la capitale du pays, Alger.
Le 19 septembre, nos deux derniers jeunes Balbuzards de la saison de réintroduction 2015 sont partis pour l’Afrique. Ce jour-là, l’équipe du projet a longuement observé PP1 et PP4 (d’après le code de leur bague couleur) avant que la femelle ne s’élève très haut dans le ciel et prenne le cap vers le sud. Quelques heures plus tard, le mâle a fait de même. La photo ci-dessus les montre peu avant leur départ, posés sur le toit de leur volière de lâcher. On distingue bien la différence de taille entre PP1, la femelle (à gauche), et PP4, le mâle. Depuis le 19 septembre, il a fallu attendre encore plusieurs jours avant d’être absolument sûr que l’heure du grand départ avait définitivement sonné. En effet, c’est un comportement classique chez les jeunes Balbuzards de faire des « faux départs », soit de disparaître pendant deux voire même trois jours, avant de revenir se nourrir au site de lâcher. Maintenant qu’il est certain que PP1 et PP4 sont partis, on leur souhaite bon vent, en espérant qu’ils échapperont aux nombreux risques auxquels est confronté tout Balbuzard depuis sa naissance.