Origines du projet

Quelques ornithologues rêvaient de voir le Balbuzard revenir un jour nicher en Suisse. Depuis un quart de siècle, certains avaient même discrètement construit des nids artificiels avec l’espoir de l’attirer — mais sans le moindre succès. Un moment déclencheur pour notre projet s’est produit le 5 septembre 2010, alors que deux membres de Nos Oiseaux visitaient le sommet du Schilthorn en espérant y voir un ou deux Gypaètes barbus (espèce qui aujourd’hui, grâce au succès d’un programme de réintroduction, fait de nouveau partie intégrante de l’avifaune nicheuse suisse).

Balbuzard au-dessus des Alpes, 5 septembre 2010 (photo Denis Landenbergue & Wendy Strahm, recadrée pour montrer l'oiseau sur fond de la Jungfrau, du Mönch et de l'Eiger).
Balbuzard au-dessus des Alpes, 5 septembre 2010 (photo Denis Landenbergue & Wendy Strahm, recadrée pour montrer l’oiseau sur fond de Jungfrau, Mönch et Eiger).

A leur surprise, au lieu d’un Gypaète c’est un Balbuzard qu’ils ont eu le plaisir d’y observer, volant à une altitude d’environ 3 250 m au-dessus des Alpes en migration vers le sud. La vision si remarquable à cet endroit de ce rapace (pour lequel les hautes montagnes ne représentent pas un obstacle majeur) a joué un rôle fondamental dans l’origine du projet. Un siècle environ après la disparition du dernier couple nicheur de l’espèce en Suisse, et alors que le centenaire de la Société Nos Oiseaux pointait à l’horizon, le moment semblait venu de voir à nouveau le Balbuzard se reproduire dans notre pays.

Pour évaluer la faisabilité de l’idée, Roy Dennis, un des plus grands experts du Balbuzard en Europe, a été invité en Suisse romande par Nos Oiseaux. Le résultat de sa visite, en janvier 2012, fut positif : la Suisse dispose de suffisamment d’habitat favorable et de nourriture pour permettre à une population de Balbuzards d’y prospérer. Le seul problème est qu’une fois que cette espèce disparaît d’une région donnée, elle perd la tradition de revenir y nicher, d’où le choix d’une méthode bien connue et éprouvée permettant d’y remédier : sa réintroduction au moyen du « hacking »  (voir description du projet).

The Osprey in Switzerland